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Calamity Suz au pays des Gauchos 18 au 26 avril 2004

 

 

Toujours à la recherche d’authenticité, de grands espaces, Rémy a réussi une nouvelle fois à proposer une expérience unique à ceux qui comme moi aiment à associer cheval, découverte et aventure. Des espaces vierges de la pampa aux sommets enneigés de la cordillère des Andes, de l’immensité de l’estancia traditionnelle au puesto familial de la montagne, l’Argentine nous a révélé sa richesse, sa générosité, ses secrets... La barrière de la langue n’existe plus quand les yeux et le cœur sont touchés ; la gentillesse et l’accueil des argentins auront largement comblé les lacunes dans la communication et dans mon cas me retrouver au sein de « compatriotes » m’aura permis d’approfondir les relations et nouer de réelles amitiés. Quelques instantanés des différents moments forts de ce fabuleux voyage.

Dimanche 18
Un rodéo a lieu à l’estancia depuis hier. C’est l’une des manches de qualification pour la finale et la date en a été fixée afin que nous puissions en profiter. L’épreuve de rodéo argentin n’a rien à voir avec son cousin nord-américain. Plusieurs épreuves se ressemblent dans le fond car elles correspondent à une déclinaison du travail du bétail, mais l’épreuve phare est très différente. Le corral est rond, d’un côté une paroi arrondie et deux portes délimitent une sorte de demi-lune. On fait d’abord entrer le veau, puis deux gauchos entrent. Ils doivent encadrer l’animal, l’un derrière l’autre sur le flanc, celui-ci pratiquant donc un galop en crabe étonnant. Ils font d’abord trois fois le tour de la demi-lune en cadrant bien le veau, puis sortent et ont trois tours pour plaquer le veau contre des banquettes sur les côtés du corral. Le gaucho sur le côté jette littéralement son cheval sur le veau, le but du jeu étant de le décoller du sol pour venir le coucher sur la banquette. Le comptage des points dépend ensuite de l’endroit où le veau est tapé : devant, au milieu, derrière. La position du cheval est également primordiale, s’il est de biais par exemple, le point n’est pas marqué. Il s’agit de la deuxième journée, donc nous voyons passer les meilleurs, ce qui forcément donne une impression de facilité que je sais bien trompeuse. Nous nous y essaierons à la fin de la semaine d’ailleurs. Comme toute compétition qui se respecte, les gauchos sont dans leurs plus beaux habits et sur leurs plus beaux chevaux.
Après le dîner, Mario (notre guide local) fait chauffer l’eau pour le café et le maté. L’occasion pour les français de découvrir la boisson nationale. Edgardo (le coordinateur local) nous signale que Mario sait chanter et nous lui demandons donc de nous chanter quelques airs accompagné de sa guitare. Il adore ça et a une belle voix. Il nous chante des chansons traditionnelles de la région. Des chansons toutes simples qui parlent d’amour, de nature et d’hommes de la campagne…

Lundi 19
Nous partons à pied vers le corral. L’allée est très large, terriblement agréable et longue… Nos selles sont une sorte de compromis entre les selles de bat utilisées par les gauchos et des selles plus classiques. En fait il s’agit de selles anglaises (dans un état de délabrement assez avancé) sur lesquelles sont posées une ou deux peaux de mouton sanglées par-dessus la selle. J’ai un peu de mal à trouver une position confortable les jambes étant particulièrement écartées. Mais peu à peu, on « fait son trou », les peaux se tassant et se moulant à la forme du corps. Les gauchos amènent nos chevaux au grand galop et les enferment dans un parc. Nous les observons et chacun y va de son commentaire sur le cheval qu’il aimerait avoir. Et surprise : mon choix compte double ! Ma jument est suivie de sa pouliche et me voilà baby-sitter pour la journée. Je finirai par la surnommer Pocahontas à cause de sa crinière à la Huron. Ici ils ont l’habitude couper les crinières des chevaux très court, quasiment à ras en fait. Il faut croire qu’ils n’ont pas coupé la crinière de Pocahontas depuis un moment, ce qui lui donne une coupe « brosse » un peu longue. Farouche, il me faudra la journée pour réussir à enfin la caresser. Graine de caïd aussi, ayant la manie de galoper devant maman (mais je me demande si ce n’est pas « normal » les poulains étant ainsi protégés par le groupe derrière) elle avait tendance à botter dès que quelqu’un essayer de la dépasser. Sa mère a fini par l’imiter en fin de journée. Voilà qui ne facilite pas les conversations…

Mardi 20
Nous voilà partis pour une randonnée de deux jours dans les espaces infinis de l’estancia. Après avoir laissé nos affaires au puesto nous partons nous promener plus loin. Ici les roches se disputent la place avec d’immenses cactus. La plupart sont fleuris et tous tordus dans le même sens, centenaires pour les plus gros car ils ne grandissent que d’un à deux centimètres par an. Des canyons et des murs de roche nous entourent. Victor nous mène vers de superbes points de vue et nous apercevons au loin l’estancia. Nous sommes toujours dans la propriété… 90 000 hectares c’est grand ! Les chevaux passent partout et se moquent des montées et descentes, même si la mienne prend son temps sur les pierres. Nos chevaux sont habituellement au pré et donc pas ferrés. Après toute une journée dans les pattes, ils commencent probablement à avoir mal aux pieds.
Mario nous avait dit hier soir qu’il nous ferait une spécialité mais sans en vouloir révéler davantage. La « quemadilla » ou maté de lata, en fait du gin flambé. Pour cela, dans une boîte en métal il verse du gin et du sucre rajoute des braises et fait flamber le tout. Il recouvre le tout d’un torchon y glisse la pipe du maté et l’on boit. Ca réchauffe jusqu’aux orteils.

Mercredi 21
Ce matin, nous partons dans une direction différente, vers un gros rocher carré et Rémy se souvenant des promenades faites l’année dernière quand il était venu explorer la région demande si l’on peut aller vers le coin où pousse l’herbe à pampa. «L’« herbe à pampa » est une herbe très haute qui monte jusqu’au niveau du ventre des chevaux, quand le vent souffle cela ressemble à un océan vert. Mario nous dit que nous pouvons effectivement aller dans cette direction, mais cela nous obligera à revenir par le même chemin car nous n’aurons pas le temps de faire une boucle. Nous acceptons, cela nous permet de voir un autre type de paysage. Les cactus finissent par laisser la place à de plus en plus d’herbe, même si nous n’allons pas assez loin pour voir le vrai océan de la pampa. En arrivant sur une plaine nous voyons des vaches et les garçons se précipitent regrouper ces pauvres bêtes qui n’avaient rien demandé à personne.
Avant d’attaquer la plaine et ses vaches, nous avions abandonné Victor près d’un cours d’eau. Quand nous revenons le retrouver alors qu’il s’est mis à pleuvoir, il nous a préparé un asado de campo. La viande est embrochée dans des bâtons et posée sur des pierres au-dessus des braises. Mario découpe de fines tranches juteuses. Elle est succulente et nous en mangeons des quantités époustouflantes, il faut dire que nous ne mangeons que cela avec un peu de pain.
Surpris par la pluie nous accélérons sur la dernière portion de piste nous menant à l’estancia. Et c’est parti pour 10 kilomètres de galop quasi non-stop. Ce galop est absolument époustouflant, il n’en finit pas, le rêve. Voilà ce que j’aime dans les circuits montés par Rémy, le plaisir de pouvoir aller à cheval des heures durant sans jamais croiser de route, d’humain, de civilisation ; galoper tout son saoul mais sans jamais forcer son cheval et sentant qu’il y prend autant de plaisir que nous.

Jeudi 22
145 kilomètres de voiture pour aller découvrir la cordillère.
Le puesto où nous attendent nos nouvelles montures est tenu par Nivaldo et sa famille. Une flopée de chiens sont là à se dorer au soleil, border colleys et lévriers essentiellement. Ils nous ont préparé un chevreau grillé et disposé une grande table dans leur pièce principale pour le repas. Le chevreau est excellent, grillé à souhait. Pendant que nous mangions les puesteros nous ont préparé les chevaux et nous prenons donc chacun celui où se trouve sa selle (quand on parvient à la reconnaître). Et nous voilà partis pour une balade extraordinaire au milieu des abords de la cordillère. Lacs de volcans, traces de coulées de lave, pentes vertigineuses, sommets enneigés... Nous sommes sur la précordillère à 1200-1300 mètres. La balade durera environ cinq heures. Au soleil il fait très beau, mais dès qu’on est du mauvais côté des montagnes ou exposés au vent le froid se fait sentir, l’automne est déjà largement entamé. La neige couvre les sommets et il en reste sur certaines pentes. C’est là que le vent s’est levé projetant une poudre fine sur les cavaliers. Nous avançons sur les flancs de la montagne, pas de piste, juste un vague sentier de la largeur des pieds de nos chevaux, entourés par le vide vers le bas, le flanc des montagnes vers le haut.
Alors que le soleil commence à décliner nous avons droit à un cours de bolas. Les boleadoras ou bolas sont une arme d’origine indienne destinée à la chasse. En les lançant aux pieds des animaux ceux-ci sont entravés et tombent. Elles sont composées de trois boules, des pierres entourées d’un rond de cuir, attachées par une corde de cuir tressé, avec une envergure d’environ deux mètres. Alexis, l’un des puesteros nous accompagnant, nous fait une démonstration à cheval ; nous nous contenterons de nous entraîner au sol.

Vendredi 23
Nous partons pour la journée dans les montagnes…
Ce coin regorge de lagunes attirant oiseaux en nombre (cygnes à col noir, flamands roses, canards, poules d’eau) et où le bétail se déplace librement. Chevaux, moutons, vaches, chèvres se mélangent sur fond de collines et de sommets de la cordillère. Ici le terrain est beaucoup plus plat et nous donne l’occasion de magnifiques galops en zigzag autour des buissons… voire par-dessus.
Arrêtés au haut d’une colline, nous admirons les montagnes au loin. On me demande de demander à Alexis à quelle distance elles se trouvent, la réponse m’éclate : « cinq jours à cheval ». J’adore… la distance en kilomètres est bien un truc de citadins… Bientôt nous sentons la bonne odeur de feu et de viande grillée nous titiller les narines. Et nous voilà partis à fond sans besoin de guide cette fois. Les gauchos et nos chauffeurs sont là. Ils ont préparé l’asado et des papillotes de légumes.
Au niveau d’une rivière à traverser, Mario nous demande de descendre de cheval pour une petite « cérémonie ». Il nous remercie de notre venue, regrette de n’avoir pas pu interagir davantage du fait du problème linguistique, espère qu’il a cependant pu nous faire partager son amour pour cette région. Il veut que nous emportions plus que des images dans nos coeurs, que nous imprégnions réellement de l’atmosphère du site. Puis il nous demande de prendre une pierre. Il veut que dans cette pierre, nous concentrions toute notre énergie négative, tout ce qui nous pèse et nous empoisonne la vie. Puis il nous demande jeter le caillou au loin avec tous nos soucis. Nous repartirons libérés. Nous remontons en selle et Mario part le premier reconnaître la rivière que nous devons traverser. Alors qu’il s’enfonce dans l’eau, nous le voyons tout à coup emporté par le courant. C’est un excellent cavalier et il se laisse porter sur 2-3 mètres avant de rejoindre la rive. Il remonte la rivière, lui d’un côté, nous de l’autre, à la recherche d’un passage possible sans nécessité d’un bain glacé et d’un risque de noyade. Nous serons obligés d’avoir recours à la civilisation et d’utiliser un pont pour traverser.

Samedi 24
Pour le dernier jour, les gauchos nous ont préparé un rodéo dont nous serons les acteurs…
Mario a expliqué à Bernardo (l’écuyer en chef de l’estancia) que nous souhaitions essayer le rodéo argentin, celui vu le dimanche. Avec des chevaux non dressés à ce petit jeu, pas d’éperons et aucune technique, ça n’était pas gagné. Nous ouvrons le bal avec Nathalie. Ma péruvienne avance bien, par contre impossible de faire galoper le criollo de Nathalie, mais ça me plaît bien ce jeu. L’épreuve suivante est le lasso. Nous nous plaçons le long des parois du corral et un premier veau est lâché. Nous avons plus de chances de nous attraper nous-mêmes ou nos voisins… le premier tir réussi est celui de Nathalie. Elle réussira au total en à avoir quatre ! Frustration de Ludo qui veut absolument en choper un et finira par y réussir, assis par terre les talons plantés dans le sol. Un veau étant pris au lasso Patrick a entrepris de le monter. Il était carrément couché dessus et les gauchos pliés en quatre.

Des paysages à couper le souffle, une gentillesse et une générosité indescriptibles, de vrais instants de partage, ce voyage aura été une nouvelle fois un pur moment de bonheur, un seul dernier mot : précipitez-vous !