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Sur les traces de Lawrence d'Arabie, randonnée équestre dans le désert du Wadi Rum (Jordanie)

 

 

"Vaste, retentissant, divin", c'est de ces mots que Thomas Edward Lawrence, plus connu sous le nom de Lawrence d'Arabie, a décrit le vaste désert du Wadi Rum, probablement le plus beau désert du monde.

Le Wadi Rum n'est d'ailleurs pas un vrai désert. Les scientifiques parlent, eux, de "semi désert"… Ce qui impressionne ici c'est surtout le relief. Ses "djebels" de grès varient du noir au jaune, avec une prédominance des tons rouges et se dressent à pic, ajoutant au sublime des lieux. Rien à voir avec les étendues de dunes du Sahara ou de la Namibie. Ces roches, jaillies du sable il y a environ 30 millions d'années ont depuis subi le poids du temps et de l'érosion. Les montagnes s'élèvent telles de véritables forteresses. C'est la plus ancienne strate géologique connue de l'écorce terrestre. Aujourd'hui, après des millénaires d'accidents tectoniques et de vent, elles sont creusées, polies et stratifiées, le djebel Rum, son point culminant, s’élevant à 1784 mètres d'altitude.

Pour en apprécier toute la magie, pour savourer le silence du désert, pour suivre le rythme de sa culture, il faut retrouver la liberté que seule peut fournir une randonnée équestre. Bien décidée à tirer le maximum de ce voyage, j'ai pris le temps de lire les 700 pages de l'œuvre de T.E. Lawrence "Les sept piliers de la sagesse" pour voir le désert avec les yeux de Lawrence et en saisir tous ses secrets. Plus qu'une chevauchée, une véritable immersion au cœur d'une civilisation dont les racines se perdent aux confins de l'humanité.

« A moins que tu n’y viennes, tu ne sauras jamais à quoi ressemble Pétra. Sache seulement que tant que tu ne l’auras pas vu, tu n’auras pas la plus petite idée de la beauté que peut revêtir un lieu. » [T.E. Lawrence, Correspondance]
Avant de partir à l'assaut du grand désert, notre voyage commence par la visite de la ''Cité Rose des Nabatéens'', Petra, rendue célèbre (entre autres et du moins pour ma génération) par le film « Indiana Jones et la dernière croisade ». La visite se fait à pied, les chevaux sont interdits, saufs ceux conduits à pied et au pas par les guides du site et encore uniquement le long du "Siq", le long canyon d'accès à la cité dont les parois s’élèvent jusqu’à 100 mètres. Mais la longue marche en vaut la peine : au bout se trouve le plus beau monument du site, le Kazneh, le trésor. Ensuite la visite nous mène de temple en tombeau dans une débauche de couleurs extravagantes où le rose domine.

Le site de Pétra a été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 1985. Construite au 1er siècle avant J-C, la cité aurait abrité jusqu'à 30 000 habitants à son apogée. Bien abritée dans une gorge profondément encaissée, la ville a tiré sa prospérité de sa position stratégique sur les routes caravanières, entre l'Arabie, la mer Rouge et la Méditerranée. L'eau, rare dans cette région, était recueillie lors des crues grâce à un système d'alimentation en eau composé de céramique qui s'étendait au-dehors de la cité et approvisionnait un important réseau de citernes souterraines. Le système de récupération et de distribution d'eau est encore étonnamment bien préservé. Les différents temples et tombeaux se parent de centaines de couleurs en strates (révélant une beauté qui n'existait pas l'époque de sa construction dans la mesure où les murs intérieurs étaient plâtrés et peints). Comme pour la plupart des cultures anciennes, on reste stupéfait du savoir-faire des hommes et des techniques de construction ancestrales.

Après une nuit à l'hôtel, nous partons enfin à la découverte de nos chevaux et déjà sur la route les couleurs ocre et rouge nous entourent. Nous retrouvons Emmanuelle, notre guide française, au corral où nous attendent des chevaux arabes : ils vivent là toute l'année, sont adaptés au climat et au sol. Sobres, endurants, ils n'en sont pas moins très vifs et demandent à être bon cavalier, à la main douce mais ferme pour tenir ses distances. L'ivresse des galops sur les "flats" a vite fait de faire perdre la tête aussi bien au cavalier qu'à sa monture. Nos guides locaux prennent le temps d'attribuer soigneusement les chevaux afin que chacun se fasse plaisir en toute sécurité. J'hérite d'une jolie jument au nom imprononçable dont l'allure quel que soit le terrain ne cessera de m'étonner. Le sable parfois profond et mou ne l'empêchera jamais d'avancer d'un bon pas.

Et nous partons enfin ! Direction le village de Disi, au nord du massif du Wadi Rum, où les programmes de fertilisation transforment la couleur du paysage en vert… D'immenses cultures, implantées au beau milieu du désert, nous rappellent les nécessités de la grande vie collective, fruits, agrumes et fourrages s'étalent en abondance. Preuve que tout est possible avec de l'eau et du travail. Mais les anciens l'avaient bien compris, eux dont nous avons vu les travaux à Petra et dont nous recroiserons les barrages et citernes dans le désert…

Puis le désert reprend ses droits tandis que nous traversons le canyon d'Um Twicy riche en inscriptions thamoudéennes. Sur de petits massifs de grès se cachent de superbes inscriptions, les animaux qui peuplaient le désert sont ici immortalisés, autruches, gazelles, lions, chevaux…

« Notre minuscule caravane, brusquement intimidée, tomba dans un silence de mort, honteuse d’étaler sa petitesse en présence de masses aussi formidables. » [T.E. Lawrence, Les sept piliers de la sagesse]
Nous voici enfin sur l'un de ces fameux "flats". Rien de ce que j'avais pu en lire ne m'y avait réellement préparée. Ces plats, A Ga'a, sont de grandes plaines argileuses, régulières et planes grâce à l'évaporation de l'eau collectée durant les rares, mais violentes précipitations. Impossible de résister à l'appel du galop, surtout après une matinée un peu lente dans le sable profond. Chevaux et cavaliers ne demandent que ça, se laisser griser par l'ivresse de la vitesse et de l'infini, le tambour assourdi des sabots sur la terre, le vent à nos oreilles, le souffle du désert sur nos visages et la pointe d'appréhension causée par la raison qui nous rappelle qu'il faut tenir nos chevaux. Tout simplement indescriptible.

Un étrange silence s'empare du groupe quand nous repassons au pas. Personne n'ose parler de peur de briser la magie, savourant les derniers souffles de cet instant inouï. Ca n'est qu'à l'arrivée au camp que l'on reprendra la parole tout en nous occupant de nos chevaux. Ils se roulent dans le sable et écoutant leurs grognements de plaisir j'hésite à en faire autant…

Le désert est par définition le lieu idéal pour dormir à la belle étoile, nos guides nous expliquent les petits trucs pour passer une agréable semaine : un terrain plat et souple, un lieu abrité du vent, suffisamment dégagé pour profiter de la beauté du ciel, juste ce qu’il faut à l’écart pour se préserver un minimum d’intimité. Chacun choisit son emplacement pour la nuit et les prémices du rituel nocturne s'installent. Le sommeil tardera à venir, on se sent si petit sous cette immense voûte céleste.

Réveillée tôt, je me noie dans les couleurs infinies du lever du soleil. Les rochers dessinent des formes fantasmagoriques sur le sable et des personnages de légendes semblent prendre vie. La toilette vite expédiée, nous nous retrouvons autour du petit déjeuner et de la bonne odeur du feu. Le temps de rassembler nos affaires et nous nous dirigeons en direction du sud-est du massif du Wadi Rum. Les impressionnants sommets entourant le canyon de Barrah font penser à des pyramides. Ici le paysage est presque verdoyant. Nous faisons une pause au pied d'un barrage Nabatéen. L’eau est fraîche et permet à nos chevaux de s’abreuver.

La pause déjeuner d'aujourd'hui nous permet de varier les plaisirs. Plutôt que de faire la sieste, certains d'entre nous emboitent le pas à notre guide pour gravir l'arche de Burdha, l'un des points culminants du massif. La vue porte à l'infini tandis que nous traversons l’arche avec le vide implacable à nos pieds. Et alors que nous ne sommes même pas sur le même continent, je me prends à penser au Petit Prince. Il aurait tout aussi bien se poser ici, je pense que ça lui aurait plu…

De belles pistes à travers des massifs de grès nous mènent à un nouveau camp où nous retrouvons l'équipe et notre désormais habitude acquise du thé, bien plus désaltérant que l'eau. Les intendants ont installé des nattes et surtout apporté l’immense citerne d’eau pour les chevaux. De l’eau est également disponible pour une toilette succincte. Installés en hauteur, notre regard porte par delà les montagnes et les vallées du Rum. Ici les bédouins de la tribu des Zulabis vivent encore comme ils l'ont fait depuis les millénaires. Pour eux, le désert n'a pas changé, la vie reste immuable rythmée par les saisons et les pluies, la vie et la mort. J'aime profondément le désert et la sérénité qu'il dégage. Il me rend étrangement introspective et calme, détendue comme ne pourrait le faire aucune séance de massage. Je m'endormirai comme un bébé.

Aujourd'hui direction plein sud pour monter sur le plateau de Nogra, suspendu à 1450 mètres. Un peu plus loin nous nous retrouvons face à un troupeau de chameaux qui nous regardent un peu surpris, tandis que nous sommes attendris à la vue des petits jeunes. Puis nous nous engouffrons dans un incroyable défilé, un canyon qui semble infini et aux parois atteignant le ciel. Nous apercevons les montagnes de l'Arabie Saoudite, la frontière est en fait toute proche. Les familles vivant ici sont majoritairement saoudiennes et ont encore le droit de circuler librement entre les deux pays dont les frontières ont été modifiées à la fin des années 60. Passage évident vers l'Arabie Saoudite, amenant matières et équipements illicites, tout droits venus depuis le nord, la Syrie, le Liban, contrebande et trafics divers étaient, il y a encore peu de temps, leurs activités principales. On nous assure que ces pratiques sont terminées, mais difficile d'y croire. Perdus au milieu de nulle part comme nous le sommes, qui irait contrôler quoi que ce soit ?

La dure loi du désert se rappelle à nous : faute d'eau, nous chevaucherons en boucle autour du même camp. Mais qu'importe, nous passerons plus de temps à admirer les inscriptions "des pieds et des mains" au fond d'un canyon de la vallée de Sabbet. Ce qui compte n'est pas la distance parcourue mais ce que l'on peut admirer.

La météo seule décide de notre voyage. C'est le printemps, il fait chaud, nous quittons la vallée de Sabbet en direction du sud-ouest vers les hautes montagnes. Celles-ci nous permettent de nous abriter pour la pause de midi et la sieste. Impossible de s'aventurer au soleil durant les heures les plus chaudes. Mais qu'importe. Certains dorment, d'autres évoquent l'histoire tourmentée du pays et s'interrogent sur celui qui est devenu une légende alors que rien ne l’y prédestinait, Lawrence d'Arabie.

Le grès laisse bientôt place au basalte et à de superbes pistes de gravier et sable compacté. Désormais nous connaissons tout de nos montures, les galops ne sont plus que de purs moments de plaisir. Nous nous élancerions volontiers à l'assaut des 120 kilomètres de la piste de la course d'endurance du Wadi Rum, nous devrons nous contenter d'un petit morceau.

Nos journées sont rythmées par des besoins tous simples, mais liés à la nature : le lever du soleil, l’eau, la chaleur, la fraîcheur de la nuit, les repas délicieux sous la tente bédouine. Pas de montre pour nous rappeler des obligations, pas de carte ou GPS. Notre passage ne laissera pas de traces dans ce vaste désert. Les empreintes de nos galops disparaîtront au premier coup de vent, les citernes naturelles se rempliront à la prochaine pluie. Nous repartirons avec nos souvenirs, conscients de n’avoir fait que passer comme ces ombres de fin de journée, quand le soleil commence à se coucher et que le camp est proche. Pour profiter d’une telle randonnée, il faut se laisser absorber par l’immensité du site, oublier son quotidien, sa vie, n’être plus que le vent filant tels nos chevaux arabes sur les pistes infinies.

Et c'est déjà le dernier bivouac. Nous trainons autour du feu, silencieux, retardant le plus possible le moment d'aller nous coucher et d'accepter que demain l'aventure sera finie, qu'il nous faudra dire au-revoir à nos nouveaux amis jordaniens, à nos montures si fières et fidèles.

La dernière journée fera de nous des touristes ordinaires. Nous profiterons des fonds marins d'Aqaba avant d'aller faire trempette dans la mer Morte.

"La liberté ne se donne pas, on la prend", disait T.E. Lawrence. La liberté s'est offerte à vous dans les larges vallées sablonneuses du Wadi Rum. On ne sort pas indemne d'un tel voyage. Et la liberté gagnée dans nos cœurs est le plus beau cadeau que nous aura offert ce désert. A galoper dans ce dédale de sable et de roche, on s'imagine assez facilement, tel Lawrence d'Arabie, maître du désert.


Laurence d’Arabie – l’homme
« Tous les hommes rêvent mais pas de la même façon. Ceux qui rêvent de nuit, dans les replis poussiéreux de leur esprit, s'éveillent le jour et découvrent que leur rêve n'était que vanité. Mais ceux qui rêvent de jour sont dangereux, car ils sont susceptibles, les yeux ouverts, de mettre en oeuvre leur rêve afin de pouvoir le réaliser. C'est ce que je fis. » [T.E. Lawrence)]

Thomas Edward Lawrence, plus connu sous le nom de Laurence d'Arabie, est né en 1888 d'une famille anglaise très religieuse. Archéologue, artiste, écrivain, militaire et scientifique, il est notamment l'auteur de l'œuvre "Les sept piliers de la sagesse" (citation tirée de la bible) qui retrace sa vie de manière poétique et révèle sa fougue et sa douloureuse lucidité dans une prose à la beauté saisissante.
Quand la première guerre mondiale éclate T.E. Lawrence se trouve au Moyen Orient, sur des fouilles archéologiques en Syrie. Il est alors envoyé au Caire au service de renseignements. En 1916 débute la révolte arabe contre le joug Ottoman. Cette révolte sert les intérêts alliés. Les supérieurs de Lawrence, qui maîtrise la langue arabe et connaît bien le pays, l'envoient auprès du Chérif Fayçal au titre d'officier de liaison. Il devient "Lawrence d'Arabie" et participe activement à la prise d'Aqaba, puis de Damas aux côtés des Arabes. Il s'implique fortement pour la liberté de ce peuple, tout en connaissant les appétits européens que la chute de l'Empire Ottoman suscite. De fait, la conférence de Paris de 1919, loin d'accorder l'indépendance aux Arabes les place sous la double tutelle britannique et française. Lawrence, au Colonial Office parviendra toutefois à élaborer un statut d'autodétermination.
Personnage pour le moins énigmatique, T.E. Lawrence est resté très populaire parmi les Arabes pour avoir soutenu leur lutte pour se libérer des jougs ottomans et européens. De même, les Britanniques le considèrent comme un des plus grands héros militaires de leur pays. Rentrant du Moyen-Orient, couvert de gloire et d’honneurs, il préféra devenir pilote dans la Royal Air Force. Il trouvera la mort dans un banal accident de moto en 1935.

Laurence d'Arabie - Le film
Un film a été tiré de la vie de TE Lawrence en 1962 avec Peter O'Toole dans le rôle-titre de Lawrence, avec à ses côtés une distribution prestigieuse : Omar Sharif, Alec Guinness, Anthony Quinn. Une œuvre complexe, riche et masculine (il n'y a pas de personnage féminin dans le film !), dont une version longue de 3h42 a vu le jour pour le Festival de Cannes de 1989. Paysages somptueux, personnages forts, musique imposante, ce chef d'œuvre sera récompensé par 7 oscars, dont celui de meilleur film.
Assez ironiquement, les acteurs n'ont jamais vu le Wadi Rum dans la mesure où le film a été tourné au Maroc et en Espagne !

A vous !
Cette randonnée est réservée aux bons cavaliers. Les chevaux sont vifs et doivent être tenus d’une main ferme et douce. Les espaces permettent des allures parfois très rapides, il faut pouvoir maîtriser son cheval sans panique. Respectez absolument les traditions et règles de vie du désert.