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Le Mexique à cheval

 

 

Le Jalisco, au Mexique, est l'état terroir de la tequila, les nombreuses plantations d'agave en témoignent. On y trouve aussi les charros, ces cowboys descendants des cavaliers mexicains qui ont combattu pour le pays et dont l'art équestre est de toute beauté. Et le long du Camino Real, qui menait les richesses du pays à la capitale, les haciendas coloniales offrent la fraîcheur de leurs patios aux cavaliers visiteurs.

Une heure de route nous mène à notre hacienda. Dans la cour des bougies innombrables tremblent dans l'air encore chaud conférant à la cour une ambiance presque mystique. J'apprendrai par la suite que l'électricité n'est arrivée que récemment, les bougies sont encore présentes dans toutes les pièces, par habitude et pour les cas, nombreux, où l'électricité est coupée.
Nous visitons les lieux. D'immenses chambres donnent toutes sur une cour centrale arborée. Des portes communicantes permettent de passer de pièce en pièce sans devoir sortir en cas de pluie, ouvertes sur cette cour intérieure elles préservent la fraîcheur indispensable en été. Je logerai dans la grande pièce aux crucifix…
Le lendemain matin, nous attaquons la journée par un petit déjeuner à 9h00 composé d'œufs et frijoles, ceux-ci sont incontournables dans la cuisine mexicaine, nous en aurons à tous les repas. Au programme de la matinée : marquage ! Nous entrons directement au cœur du travail quotidien de l'hacienda.

L’année dernière était la lettre du T dont on marque les vaches, étiquette à l’oreille gauche, numéro d’ordre alphanumérique, et tatouage à l’encre à l’oreille droite avec la même combinaison, plus une marque coupe en U à l’oreille gauche. Le souci est que le patron, Don Ernesto, s’est trompé de lettre et c’est Pablin, un vieil employé, qui a fait remarquer qu’il n’était pas beaucoup allé à l’école mais on lui avait quand même appris qu’après le T venait le U. Or tout un premier groupe de vaches a été tatoué W ! Il a donc fallu ramener tout ce groupe pour le re-marquer.
Avant le marquage Pancho nous a fait visiter le bureau de Don Ernesto, le propriétaire des terres, l’oncle de Pancho. En 1975 il a fait partie de la délégation envoyée par la fédération de charreria pour une tournée en Europe. Jeune homme, beau garçon, habillé de pied en cap dans la superbe tenue de cérémonie charro, montant un cheval devenu légendaire, sa maman lui glissait toujours plusieurs nœuds (cravate) dans la poche pour pouvoir les distribuer aux admiratrices. A Paris, Don Ernesto a donc descendu les Champs Elysées en parade. Le soir voulant visiter le Lido avec ses compagnons, et toujours en tenue charro, ils seront finalement invités à une table et feront l’attraction de la soirée. Pour l'anecdote, dans les spectateurs se trouvait la doublure d’Alain Delon qui paya 3000 $ à Don Ernesto pour lui acheter sa tenue. Argent qui lui permit de poursuivre sa visite de l’Europe alors qu’il devait normalement rentrer faute de sous.
La sellerie est tout aussi étonnante avec un bar bien chargé et de nombreux trophées aux murs, dont les sabots et crânes des grands chevaux emblématiques de l’hacienda. Aujourd’hui Pancho élève des apaloosas et quarter horses. Ils sont dressés en Doma Natural par Eugenio. Ce sont des chevaux bien dans leur tête, et parfaits pour l’équitation de travail.
L’après-midi nous partons chez Jorge de Alba, un autre vrai charro. Il est d’ailleurs président d’une association et porte avec fierté le costume charro, colt à la ceinture compris. C’est un collectionneur de matériel équestre historique. Sa maison est un véritable musée dont de nombreuses pièces très rares trouveraient leur place sans démériter dans le musée charro du pays. Pancho m’emmènera voir la suite de la collection, plus confidentielle dont on parle moins pour éviter les risques de vol. Ce sont des murs entiers recouverts de mors, filets, éperons, étriers, de sabres, d’armes... Il y a des pièces remontant aux Conquistadores et même des pierres datant d’avant la conquête : des pierres à moudre et des têtes de haches en pierre. On pourrait rester des heures à faire l’inventaire.

La tequila est bien sûr sortie. Seule ou en mélange, c’est LA boisson incontournable. Nous sommes d’ailleurs dans le Jalisco, l’état terroir de la tequila. Même si on en produit dans tout le Mexique, c’est ici qu’on trouve la meilleure, la plus pure, celle préparée avec le plus de soin. L’agave, le cactus dont elle est tirée par fermentation et distillation, pousse naturellement dans la région donnant la meilleure qualité de matière première. Nous rentrerons tard, avec le coucher du soleil. Il fera nuit à notre arrivée à l’hacienda.

Nous sommes partis rassembler les bêtes avec Pablin, un vieux monsieur qui a l’air trop vieux pour travailler mais qui bien sûr est top à cheval. Entre les arbres à épines en tout genre et les hautes herbes, s’occuper du bétail a été tout une histoire et en plus nous n’avons pas été particulièrement doués. Les vaches étaient autour d’un point d’eau mais certaines du mauvais côté ne semblaient pas disposées à traverser à la nage et ont réussi à se faufiler entre les barbelés. Pablo et Lena sont partis chercher les fuyardes tandis que nous gardions l’œil sur les autres. Nous déposons les chevaux dans la cour (sans dessangler) et partons marquer les bêtes.
Une bonne répartition des tâches s’installe, chacun a repris ses postes et nous travaillons efficacement en équipe. Nous finirons l'après-midi par une balade en zig-zag autour des cactus (ça motive à rester en selle !)

Le lendemain c'est enfin le départ pour la grande randonnée, qui rallongeait d’une heure au fur et à mesure qu’on nous en parlait. Et voyait arriver un nouveau vaquero à nos côtés tout aussi souvent. "Nous partîmes 500 mais par un prompt renfort…"
Le Camino Real était l’autoroute qui traversait tout le Mexique du nord (actuels USA) jusqu’à la ville de Mexico ; la première partie de cette piste relie Veracruz (port des Caraïbes) à la capitale. Tout le transport de marchandises passait par cette route, dont l’or des mines de Zacatecas. Cet or attirait bien sûr les pillards et autres bandits de grand chemin. On suppose qu'une partie de cet or est toujours enterrée de part et d’autre du chemin, butin laissé là par sécurité par les bandits se rendant en ville et n’ayant jamais eu l’occasion de venir le récupérer. Cet or attire aujourd’hui les chercheurs de trésors et l’on trouve sur la piste les trous qu’ils ont creusé.
La végétation est essentiellement constituée d’épineux, les arbres sont peu nombreux mais les mesquites centenaires bordent la route. Nous nous arrêtons auprès d’arbres ayant servi à pendre les bandits. A la sortie du Castro une peinture sur un mur représente Pancho Villa et Emiliano Zapatta, et fait étrangement penser à Don Quichotte et Sancho Panza.

San Carlos est une superbe hacienda où plusieurs bâtiments cohabitent à côté de la maison originale en adobe. La vue porte à l’infini et le Camino Real passe tout à côté. Une petite piscine agrémente le jardin terrasse. La vieille maison d’origine a disparu mais certains morceaux ont été utilisés : la porte sert de table, des fenêtres ont fait des tables basses, des poutres servent d’encadrement à des miroirs. Les murs de l’entrée sont recouverts de croix. Charo m’explique qu’au départ il y avait une superbe croix et les gens qui revenaient en visite ont commencé à apporter des croix, agrandissant ainsi la collection au fil du temps. J’espère avoir l’occasion d’apporter ma contribution.
Nous sommes au plus fort de la saison sèche. Tout est jaune, brûlé par le soleil. Fin juin et jusqu’à septembre les pluies reviennent et transforment tout. C’est vert partout et les couleurs éclatent.
Eugenio veut essayer un autre chemin car celui emprunté jusque là longe une grande route pendant un long moment. A mi-hauteur de la montagne nous croisons des gens en train d’entretenir ces fameux murs de pierres qui délimitent les potreros, les enclos. Il y en a des kilomètres, dessinant une véritable toile d'araignée sur les collines dénudées. Certes les pierres ne manquent pas, mais le travail que cela représente est incroyable. Ces messieurs nous indiquent un chemin à suivre pour éviter la route et je me dis qu’avec un peu de chance on va se retrouver totalement perdus… Mais non, on descend la colline par un sentier escarpé et plein de pierres (après avoir raté un tournant et avoir dû faire demi-tour sur une pente entre des cactus et des barbelés – d'où la nécessité des manches longues et des chaps !). Nous devions passer la voie ferrée sous un tunnel mais l’autre côté est impraticable. Alors on sort les tenailles (logique, on a toujours ça dans ses fontes…) pour ouvrir une porte dans la clôture de barbelés. Je rêve !
Nous longeons la voie ferrée un moment, puis à défaut de bas côté nous montons sur les voies elles-mêmes, entre les rails. Après avoir risqué de nous faire plomber les fesses à entrer dans un terrain fermé, voilà qu'on risque notre peau à se prendre pour des trains. Grosse crise de fou-rire, un peu nerveux, où on se dit qu’il n’y a guère qu’ici où on peut se permettre ce genre de chose. Les trains sont surtout des trains de marchandises, traînant jusqu’à 100 wagons ; il y a peu de transport de voyageurs.
Nous quittons la voie ferrée au bout d'une quinzaine de minutes pour traverser un petit village et partir retrouver la grande route que nous avons contourné. Nous la longerons un moment avant de la traverser au galop en biais aux abords d'un ruisseau. Notre compte d'adrénaline pour la journée est atteint. Adieu civilisation, nous retrouvons les potreros et les vaches. Ici des laitières, qui nous regardent passer indifférentes (en même temps elles nous prenaient peut-être pour des trains…).

Après la longue journée d’hier, celle-ci paraît bien courte, d’autant que nous sommes arrivés de jour à l’hacienda. A peine avons-nous mis pied à terre qu’on nous a apporté de la bière (en s'excusant des 3 secondes de retard !!). Eugenio, Juan, le propriétaire, et un autre ami nous font une petite démonstration de floréo, cet art de jouer avec le lasso, faisant des boucles, des formes tout en sautant au travers.
Aujourd’hui nous restons à San Cayetano visiter les lieux. Ils font de l’élevage de chevaux et de toros de corridas. Anita change de cheval, le sien étant fatigué et amaigri, il faut dire que c’est sa première randonnée. Elle récupère Cuervo, le grand cheval noir de Lena, sur lequel elle se régale. Nous partons au galop sur une piste large, Anita en tête à cause de son cheval dominant et on se dit qu’on ne va plus l’arrêter. Mais nous avons tous trouvé un bon rythme et c’est du bonheur à l’état pur.
Nous allons jusqu’à un canyon qui abrite de nombreux bassins et une rivière. Le lieu est nommé la Angostura car seul un passage étroit permet de passer. Nous sommes ici à 3 kilomètres de Lagos, la ville la plus proche. Ce site a donc servi de refuge lors de la guerre des Cristeros, la dernière grande bataille mexicaine qui a opposé les Cristeros aux Federales. Le Président avait voulu se « débarrasser » de l’église et ce qui devait être une bataille de 3 mois s’est transformé en guerre de 5 ans. Les charros, les paysans, qui connaissaient bien les lieux ont fini par avoir le dessus sur les militaires qui, s’ils avaient la technique, se faisaient avoir dans toute sorte d’embuscades. Le site est superbe et la proximité de la ville totalement surréaliste.
Nous partons ensuite voir l’élevage de toros bravos, les taureaux de combat pour les corridas. Les mâles sont en bas dans un enclos à côté de la maison. Ici ce sont les mères avec un taureau mâle, le U22, dont on nous a dit de nous méfier et rester à distance. Ce taureau a particulièrement brillé dans l’arène. Ayant eu la vie sauve, il a été recousu, soigné et est maintenant condamné à se reproduire auprès de son harem. Les vaches sont elles également évaluées avant d’être conservées comme reproductrices. Elles passent une sorte de test de combat d’agressivité où elles sont notées de 1 à 10. Si elles ont moins de 6, elles partiront pour la boucherie. Ce sont donc des enclos que l’on traverse avec beaucoup de prudence…

Nous rentrerons pour un excellent déjeuner de mole poblano, un vrai délice. Le célèbre "poulet au chocolat", mais en fait le chocolat ne représente qu’une infime part de la quarantaine d’épices qui composent la sauce.
Nous partons ensuite nous balader, vérifier les animaux… Un groupe de vaches doit être rassemblé demain pour une charreada. Nous passons dans l’enclos voisin nous assurer qu’aucune vache ne traîne. Un jeune cheval s’est mélangé aux vaches et Lena propose qu’on essaie de le mettre au bon endroit. Si au bout de deux fois on n’y arrive pas, on arrête car ça finit par devenir un jeu pour le cheval et pour le coup est on est sûr de ne pas y arriver. On se sépare en groupes. C’est une joyeuse débandade et belle course poursuite. Guy y laissera sa chemise, littéralement, coupée en deux, les bottes et chaps souffrent. Je devrai m’arrêter pour me débarrasser d’une branche épineuse accrochée à ma chemise et piquant la croupe de ma jument.

Retour déjeuner. Nous traînons un peu après le repas, nous sentons la fin approcher et savourons tous les instants. Puis nous partons remettre les vaches dans un enclos. Chacun prend sa position pour bien encadrer le bétail jusqu’à ce qu’un bruit étrange arrive à nos oreilles à l’arrière (d’autres étant devant pour ouvrir les clôtures) : nous n’aurions pas pris les bonnes vaches. Allons bon, nous allons être arrêtés pour vol de bétail ! Et là pour le coup, le portable s’avère bien utile, histoire de demander à Don Ernesto ce qu’il veut faire de ses vaches. Celles qu’on a vacciné ont été séparées en deux groupes, les mères avec les veaux et les mères seules. Nous surveillons les vaches qui n’apprécient que moyennement d’être ainsi arrêtées à mi course et… demi tour ! Les derniers seront les premiers et nous partons à vive allure bloquer les accès. Nous remettons les vaches dans l’enclos et récupérons l’autre groupe de vaches dans la cour d’entrée pour l’emmener au point d’eau.
Comme apparemment une puissance supérieure a décidé qu’aujourd’hui tout irait de travers nous voilà aux prises avec un tout jeune veau qui refuse de suivre le groupe. Il nous fera pas mal cavaler avant qu’on ne le ligote pour le poser sur le cheval de Pancho.
Nous arrivons au petit lac de barrage où Guy souhaite faire des photos au galop dans l’eau. Ah ben voilà le genre d’idée pour nous déplaire : galoper à fond dans la flotte !
Nous ferons de nombreux aller-retour. Sur le bord la boue gicle, nous sommes mouillés et sales, pas bien grave, c’est le dernier jour. Les chevaux commencent à chauffer et se prendre au jeu. Le soleil est en train de se coucher, la lumière est superbe. Instants de bonheur pur...