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Randonnée équestre dans le nord sauvage du Portugal

 

 

Pandémie oblige, j’ai fait le choix pour l’été 2021 de rester en Europe pour les vacances. C’était l’occasion unique de partir au Portugal découvrir l'une des dernières races de chevaux sauvages en Europe. Une aventure pour les amoureux de la nature et des grands espaces. Dans les montagnes du nord du Portugal, le parc de Peneda Geres abrite l'une des dernières races de chevaux sauvages d'Europe : le Garrano. Au départ de la vallée du Vez, partons à leur rencontre dans les montagnes parsemées de petits villages et leurs cultures en terrasses.

Dimanche 1er août, le virus a encore frappé. Les participants allemands ont dû annuler leur voyage pour cause de restrictions sanitaire ; j’aurai la chance d’avoir une randonnée privée pour la semaine. La salle à manger de la propriété est fermée (encore des restrictions), aussi, après avoir nourri les chevaux, nous descendons en ville pour prendre notre petit déjeuner dans l’une des nombreuses petites cafétérias. La ville n’en compte pas moins de douze. Les dames aiment s’y retrouver l’après-midi pour prendre le thé et déguster des pâtisseries. Celles-ci s’avèrent délicieuses. Quant au prix, il défie toute concurrence. Pour 2,50 nous aurons café et viennoiseries pour deux personnes.

L’écurie abrite douze chevaux. Essentiellement des lusitaniens croisés arabe. Doce est une petite pouliche de deux ans, née sur place. Elle se promène en liberté dans les lieux faisant le bonheur des enfants qui lui prodiguent moultes caresses.
Je monterai Pacifico, un cheval tranquille. Lusitanien croisé arabe, très beau. Il n’a peur de rien, mais il ne veut surtout pas être devant. Un peu plus grand que la taille que je préfère en randonnée, mais le nombre de rochers présents partout me permettra de monter en selle sans aucune difficulté.
< Et c'est parti.

Nous traversons la lisière de la ville de Arcos de Valdevez. Il est encore tôt, le peu de touristes présents n’envahissent pas encore les rues de leurs véhicules. Après avoir emprunté un tunnel sous la Nationale, enfin la forêt et des pistes larges et agréables. D’immenses gros rochers ronds de granite sont posés un peu partout. Nous traversons les petits villages. Perdus au milieu de nulle part, ils semblent inaccessibles et loin de tout. On ne voit personne. Le ciel un peu gris ajoute à une certaine mélancolie. On comprend mieux toute la tristesse du fado…
Nous chevauchons des collines couvertes d'épineux et de fougères. Je vois une première vache aux immenses cornes, et particulièrement grosse. Elle nous observe de ses grands yeux maquillés de clair. Un peu plus tard, nous croisons un groupe de garranos, les chevaux endémiques et sauvages. Il y en a environ 1800 dans le parc, et on les trouve bien évidemment dans les alentours, le parc n’étant pas clôturé et les chevaux se fichant bien de savoir qui est propriétaire du terrain où ils broutent.

Le parc abrite également des loups. Évidemment, en croiser tient d’une chance insolente. Mais le jeudi, nous croiserons les restes d’un repas que nous avons peut-être interrompu en arrivant tant la viande était encore fraîche.
Le petit restaurant où le déjeuner a lieu d’habitude est fermé, aussi nous sommes partis avec notre pique-nique dans les fontes. Nous nous arrêtons devant une église. Nous donnons leurs granulés à nos montures, puis nous installons sur les bancs en pierre devant le bâtiment. Bien vite une voisine ouvre ses fenêtres et engage la conversation. Nous en profiterons pour lui demander de la vinaigrette oubliée. Notre repas terminé c’est avec toute la famille que nous discuterons une fois remontés en selle. Ils ouvrent grand les yeux quand nous leur expliquons quel sera notre itinéraire.

Le terrain assez accidenté ne permet pas beaucoup d’allure, mais quelques sentiers nous permettent de partir au galop. Bien qu’il prenne son temps au pas, Pacifico a un bon rythme au galop et s’avère des plus confortables. Nous allons bien nous entendre tous les deux.
Nous reprenons les sentiers bordés d’arbres pour arriver au Mizeo, le centre d'interprétation du parc National. De nombreuses photos présentent la faune et la flore que l’on trouve dans le parc. Un jardin retrace à échelle réduite les formations et abris que l’on peut trouver dans le parc pour ceux qui ne voudraient pas s’y aventurer. Nous laissons les chevaux chez un ami, employé du parc, qui monte un tout petit garrano plein d’énergie.
Madalena, l'épouse de Carlos le guide, vient nous chercher pour nous ramener au centre. Et la pluie qui menaçait depuis quelques heures se décide enfin à tomber. Un véritable déluge. Nous avons eu de la chance pour aujourd’hui, et pour demain. Il n’y aura pas de poussière sur les sentiers.
Je n’en suis pas à mon premier voyage au Portugal. Originaire du nord de l’Espagne, enfant j’ai passé toutes mes vacances d’été dans la région. Je connais donc la générosité des plats portugais. Mais malgré cela je ne cesse d’être surprise par l’abondance des assiettes qui seraient largement suffisantes pour deux personnes. Hier j’en ai laissé la moitié, je ne fais pas mieux ce soir. Et comble du désespoir pour un portugais : je n’aime pas la morue. Carlos est effondré. Heureusement, même si je ne le parle pas, je comprends le portugais. Nous aurons notre propre langage toute la semaine, joyeux mélange de portugais, espagnol et anglais (Carlos parle aussi un peu français).

Le lendemain, le soleil brille, et après le petit déjeuner matinal, nous prenons la voiture pour retrouver nos chevaux et les préparer avant de partir dans le parc national.
Nous montons vers des plaines, anciens pâturages, où se trouvent généralement les chevaux, ainsi que d'autres animaux du parc de Peneda-Geres. Nous chevauchons au cœur de ce superbe paysage, à travers d'anciens sentiers commerciaux, vieux villages de montagne. A 1000 mètres d'altitude l'horizon est infini et nous sommes seuls au monde.
Au soleil c'est tout de suite mieux. Les garranos sont partout et l'on voit également de nombreux poulains. Un poulain curieux nous suivra pendant un moment tandis que l’on entendait sa mère l’appeler de hennissements de plus en plus forts.

Notre pique-nique a lieu dans un site de rêve. Nous lâchons nos chevaux dans un enclos destiné au comptage des chevaux sauvages et leur donnons leurs granulés. Les chevaux sauvages sont libres tout autour de nous. L'étalon est lui resté devant la porte à observer longuement les "intrus" sur "son" territoire. Une fontaine d'eau naturelle nous permet de rafraîchir notre orange. Une table en granite et ses bancs nous offrent le confort pour notre déjeuner.
Il fait beau, une douce brise rafraîchit l’air, nous nous allongeons pour une petite sieste avant de repartir.
Arrivant au pied d’un col, nous croisons un berger qui descend ses chèvres. Superbe spectacle que celui des chèvres, chevaux et vaches sur le haut d'une colline, au milieu de la verdure et des rochers. Nous discutons un instant avec le monsieur, surpris de croiser d’autres humains sur ces prairies solitaires.

Montés à 1300 mètres d'altitude et il a bien fallu redescendre. Un petit sentier de cailloux serpente entre épineux et rochers avant d’atteindre une piste plus large. Au loin, les montagnes nous entourent, marquent la frontière avec l’Espagne toute proche.
Carlos a mis deux ans à dresser Pacifico. Il a insisté car il est particulièrement beau. Il est gentil, mais il a ses idées. Alors que nous sommes sur la piste, Carlos me propose de passer devant. Peine perdue, Pacifico estime que ce n’est pas sa place ; Seara s’étant arrêtée pour que nous passions, et bien Pacifico recule pour rester derrière… Par contre, si le cheval de tête a peur de quelque chose, il va passer l'endroit pour entraîner l'autre cheval, puis repartir en arrière. Trop drôle. Je l’aime décidément beaucoup ce cheval.
Nous avons laissé les chevaux au village de Ferreiros, dans le jardin d'une vieille ferme, sous les pommiers, que nous avons abondamment secoués pour offrir un supplément de repas. Le champ est couvert d'herbe, aussi nous ne leur donnons pas de granulés, ils ont largement de quoi faire.
De retour au centre à 16h00, j’en profite pour aller essayer la piscine. Quelques longueurs pour détendre les muscles ne font jamais de mal. Et puis bon, ce sont les vacances ! Carlos revient me chercher à 19h30 pour aller dîner chez lui. Ils m’ont invitée à me joindre à eux pour le repas. Lui et son épouse vivent avec les parents de celle-ci dans leur maison, à 15 minutes de route. Au Portugal, il est très rare que les parents vivent seuls si l'un des enfants est à proximité. Le cercle familial reste puissant et rapproché. Carlos élève des vaches, des moutons etdes chèvres pour sa consommation. Nous dégusterons d’excellents steaks grillés accompagnés de riz à la tomate (le riz au Portugal étant aussi incontournable que la morue). En sobremesa (dessert), Madalena nous a préparé de la "serradura", un succulent dessert à base de crème et lait concentré, parsemée de brisures de biscuits. Un véritable régal même pour moi qui ne suis pas une fan du sucré. Le jardin où sont restés les chevaux est tout proche de leur domicile. Le lendemain matin, nous faisons une pause au café/épicerie/boutique tenue par belle-maman pour un café et laisser les chevaux manger (ils n'ont pas très faim, ils se sont gavés toute la nuit).
Nous retournons vers Arcos en traversant une multitude de petits villages, les "aldeas" des hameaux perdus. Arcos en compte 57 dépendant de la ville. Et l'on y retrouve les maisons des "français". L’émigration portugaise vers la France a été particulièrement importante. Et si peu ont fait fortune, le bâtiment et les loges de concierge n’offrant pas les meilleurs salaires, beaucoup ont réussi à mettre suffisamment de côté pour se bâtir la maison de leurs rêves au pays. On les reconnaît aisément aux côtés des vieilles maisons en pierre, souvent en ruine, qui jalonnent le paysage.
De nombreuses vignes, le célèbre vinho verde, couvrent les champs. Nous croisons des locaux et nous arrêtons souvent discuter. Et Carlos retombe sur un copain d'enfance qu'il n'avait pas revu depuis 40 ans, au beau milieu de nulle part. Qui a dit que le monde était petit ?

Nous nous arrêtons pour le déjeuner dans un restaurant afin de déguster un plat typique, les "macarons do labrador", les nouilles du travailleur. Comme un pot au feu où l'on aurait remplacé les légumes par des macaronis, mais laissé toutes les viandes. Un pot au feu local avec donc du bœuf, du poulet, du cochon, du chorizo… et les incontournables haricots. Un régal.
Nous traversons le centre-ville, le vieux Arcos, les fers des chevaux résonnant sur les pavés entre les petites rues. Astuce pour circuler en ville à cheval : repérer les voitures les plus chères, les chauffeurs vous laisseront largement la place pour passer à leur côté bien trop inquiets pour leur véhicule ! Une vieille dame excentrique connue dans tout le quartier insiste pour nous offrir un verre. Carlos a arrêté tout alcool depuis 3 ans mais j'ai droit pour ma part à un tord boyau fort bon mais fort alcoolisé. Une vieille Ford T nous suit pendant quelques rues, pour le plus grand bonheur des badauds qui se demandent si nous nous déplaçons ensemble.
En plus de la vingtaine de randonnées de 6 jours qu'il accompagne sur l'année, Carlos propose également des randos plus courtes, d'une heure à la journée, et des reprises. En été, il offre de nombreuses initiations aux enfants en vacances. Justement quelques enfants sont venus pour une séance. Je le regarde faire quelques instants, me rappelant de mes premières séances de mise en selle, il y a (censuré) ans.
Nous allons dîner dans un restaurant appartenant à des amis. En semaine, il n’y a pas grand monde (surtout cette année où les anglais et allemands sont largement absents), et pas de menu prévu. Ne voulant pas attendre, nous avons fait le choix de la pizza, qui sera succulente avec une pâte maison croustillante délicieuse (bon j’ai promis à Carlos que je ne le dirai pas, ça ne fait pas du tout local !).

Notre balade s’étoffe aujourd’hui. Gabriela, une brésilienne (qui habite le Portugal) et Marie, une russe résidente suisse, une habituée qui revient assez régulièrement, se joignent à nous pour la journée.
Nous partons vers l'ouest. Le terrain est beaucoup plus roulant avec de belles allées en forêt et un sol souple permettant de superbes galops.
Galop amusant dans un "rond point", et alors que je me disais que nous refaisions le sketch de Devos à notre façon, Carlos nous explique qu'il s'agit d'une ancienne piste de galop utilisée par les locaux lors des jours de fête.
Déjeuner à Ponthinha, dans une taverne locale au cœur d'un minuscule village comptant 6 maisons et 16 habitants, seul endroit dans le coin où l'on peut manger ou boire un verre et nous y retrouvons quelques touristes, notamment un groupe de motards que nous avions croisés plus tôt. Ayant demandé des informations sur la route à suivre, Carlos les avait consciencieusement envoyés aussi loin que possible du chemin que nous allions suivre. Après tout, ils allaient plus vite, donc autant prendre une route plus longue, non ? Nous restons dans une maison d'hôtes à Corno do Bico pour les deux prochaines nuits. Gabriella nous abandonne, son compagnon est venu la chercher. Marie se joint à nous pour aller déguster la spécialité du coin, la truite de rivière, à Paredes de Coura. Le B&B est une vieille maison d'agriculteurs en pierre. Superbe et joliment décorée. Ma chambre donne sur la piscine et le champ où sont les chevaux. Les collines entourent la vallée. C'est d’un calme absolu.

En me levant le ciel est bleu, mais les nuages descendent des sommets, les collines disparaissent bientôt sous la brume. Brume qui ne s'est jamais levée et donnera un côté assez spécial à la randonnée, avec une visibilité nulle. Entourés par les nuages, et arrosés par une légère bruine, ça donnait un côté monde étrange et inconnu, dans le silence juste brisé par les cloches des vaches que l'on devinait dans les buissons.
Je vais nourrir les chevaux, qui accueillent mon arrivée avec les seaux d'un hennissement joyeux. Je petit déjeune avec Perfeita, notre logeuse, ancienne maîtresse d'école, qui me raconte son travail avec les enfants de ces petits villages. A leur retraite, avec son mari, ils ont ouvert en maison d'hôte pour arrondir leurs fins de mois. Leurs enfants sont grands maintenant. La pause déjeuner se fait dans un tout petit village chez trois sœurs. L'ainée a 89 ans, ses sœurs jumelles 85. L'image d'épinal typique de la vieille dame portugaise, en noir et fichu sur la tête. Elles nous ont préparé des pâtes aux haricots très bonnes. La bruine s'est transformée en vraie pluie et nous trainons à table attendant que le temps se calme un peu. Elles nous racontent le travail de leur père garde forestier et ressortent de vieilles photographies en noir et blanc datant du siècle dernier. Nous prenons un chemin plus court pour rentrer. La bruine est toujours présente, la pluie continue à menacer. N’ayant pas prévu de tenue pour la pluie, nous n’avons aucune envie d’être trop mouillés. Je vous ai dit que la météo du nord du Portugal est semblable à la Bretagne ? Au demeurant la culture également. Cornemuse et culture celtes sont les mêmes, y compris les "menhirs", même s'ils ne portent pas le même nom ici, mais après tout, il fallait bien faire quelque chose de tous ces immenses rochers de granite présents partout.
Notre dernière journée se fait sous un ciel couvert, ponctuée de quelques gouttes. Nous quittons la ferme et empruntons les sentiers des anciens gardes forestiers. Nous poursuivons dans un paysage rural et à travers les bois et forêts, les lieux créant un équilibre naturel entre vie sauvage et présence humaine.
Nous repartons en direction de Pontinha pour le déjeuner. Notre arrivée à cheval ne passe jamais inaperçue. Nous dégusterons un délicieux gratin de pâtes aux légumes et fromage, ainsi que des fruits du jardin. Et nous découvrons que nos chevaux aiment bien le melon aussi.
Nous traversons une rivière au milieu des bois. L’été n’ayant pas été particulièrement sec, le niveau de l’eau est élevé, mais nos chevaux se jouent des pierres tandis que nous levons les nôtres pour les garder au sec.
Le chemin du retour nous fait traverser nombre de petits villages jusqu’à notre arrivée au centre. Et comme toujours, la fin de la randonnée est arrivée bien trop vite. Je traine autour des chevaux, rangeant le matériel, prenant le temps de doucher les chevaux.
Demain je pars en Espagne. Je vais aller passer quelques jours au village de mon enfance pour la suite de mes vacances. L'occasion de revoir oncles, cousins et voisins avec lesquels j'ai passé tous mes étés depuis l'âge de 4 ans. Petit voyage dans le passé en perspective qui clôturera de façon bien agréable cet été pas comme les autres.